LE TEMPS DES CACTUS

Auteur :  Robert HENRY 1961

Editeur : Imprimerie Comtoise 39300 CHAMPAGNOLE 1986

Acheté d’occasion par LRT le 22/1/2000 à la salle des fêtes de MELUN (salon des vieux papiers).

Fini de lire le 20/2/2000.  Court mais très bien.

 

Page 90 et 91 :

Un militaire est souvent considéré comme un monsieur pas sérieux. Si l’on songeait un instant que c’est un monsieur qui n’est pas chez lui et qui, la plupart du temps, n’a pas demandé à être là, peut-être serait-on porté à l’indulgence. Et puis les braves pères de famille n’ont-ils pas l’habitude de donner la fessée à leur rejeton pour des bêtises qu’ils ont commises eux-mêmes pendant leur enfance ?

Les pieds-noirs, en l’occurrence, n’étaient pas heureux de voir leur sol foulé par tous les militaires venus de France. Ils vivaient depuis longtemps dans leur splendide isolement, et ils étaient contrariés d’avoir besoin de ceux qu’ils appelaient parfois, péjorativement « PATOS ».

 

Ah ! Si seulement cette soldatesque pouvait les protéger en restant dans les djebels !

 

Dans ces pays, le progrès à marché trop vite, ou plutôt on a tenu l’indigène trop à l’écart de la marche du progrès. Il est vrai qu’on ne peut passer sans heurts du Moyen Age au siècle de l’uranium en l’espace de quelques décennies.

 

La coexistence, à défaut de fusion, était encore possible, malgré la différence des mentalités. Il aurait fallu, pour cela, faire abstraction de privilèges ancestraux et de préjugés tenaces et résorber les abus que, parfois, on ne voyait même plus tant on y était accoutumé.

 

Page 131 :

Mais, tout cela est supportable quand, aux souffrances physiques, ne vient s’ajouter le désarroi moral, quand on sait ce que l’on fait et pourquoi l’on meurt. Mourir dans l’indifférence, comme dans l’incompréhension, c’est dur.

 

Car, vu de la métropole, l’Algérie était loin des cœurs. Trop de choses séparaient les deux pays, notamment cette barrière psychologique qu’était la MEDITERRANEE. Pire encore, les combattants savaient qu’une partie de la France était hostile à leur combat.

 

Page 136 :

Dans le fond ils sont tous contents d’être opérationnels. Ils connaissent des émotions et accumulent des souvenirs que les non combattants ignoreront toujours.

 

Page 144 :

« C’est la mode ».  Ces quatre mots justifient tout, normalisent tout, et rendent inutile toute discussion.

Snobisme, un mot venu d’ailleurs.  Un mal qui répand la laideur.

 

Page 152 :

Il venait de trouver une nouvelle définition, laconique, de la liberté : C’est l’art de se tenir à l’écart du snobisme ambiant.

 

Page 172 :

Les appelés de France n’avaient pas de haine pour les Algériens, mais cette oppression abusive de la femme par l’homme, celle-là vivant parfois dans une quasi-claustration, les choquait.

 

Page 173 :

Le temps passa. La guerre évolua, sur le terrain et dans les esprits.

Il fallait tout de même parler de cette épineuse affaire et du sort de ces gens qui avaient commis la faute, eux ou leurs aïeux – si ce n’est toi c’est donc ton frère – de traverser la mer pour aller, là-bas, s’installer, afin d’agrandir le cercle de famille.

 

Page 180 :

Le soldat n’aime pas plus la guerre que le gendarme le désordre ou le pompier le feu.

Nous ne faisons pas que d’envoyer des obus dans la nature, nous jouons ici  un rôle humanitaire et social, bien que souvent méconnu. Si nous montons parfois les mitrailleuses, c’est dans un but de protection.

 

Page 181 :

Les désillusions, et une certaine lassitude, avaient entamé un enthousiasme qui s’était peu à peu transformé en habitude. L’abandon de nos colonies, ou plutôt les conditions dans lesquelles on les abandonnait, y était pour beaucoup.

 

Page 183, 184, 185 : « La joie du retour » …

Les soucis de la vie revenus se chargeront de la reléguer au second plan puis, avec le temps et les habitudes, de la réduire à l’état de souvenir.

On critique l’armée parce qu’on s’y sent prisonnier et on subit, une fois libéré, le carcan des lois sociales, morales, civiles, familiales, professionnelles, sans compter toutes ces obligations que le snobisme impose et qui ont, pour beaucoup, force de loi.

 

Qu’a-t-il été faire là-bas, au pays des profiteurs que l’on appelle communément des colons ? D’abord qui sont ces colons ? On oublie que ce sont, pour la plupart, des instituteurs, des employés, des coiffeurs, c’est à dire des petites gens, qui sont restés des gens petits.

 

Penchons-nous un peu sur le passé de l’Afrique et de notre épopée coloniale.

 

« Etait-il un profiteur BRAZZA, quand pénétrant dans une tribu, il achetait les esclaves avec sa maigre solde et leur disait ensuite : « Allez, maintenant vous êtes libres ». ? »

 

Qui connaît Paul CRAMPLE, cet explorateur de vingt sept ans qui ouvrit la route du TCHAD ? Etait-il un profiteur quand il écrivait : « Je n’userai de mes armes qu’à la dernière extrémité et pour des mesures de salut.

Que je réussisse ou que je meure, mes voyages seront le symbole de ce que la France doit exécuter dans l’avenir. » ? Il fut égorgé dans une misérable case.

 

Sur la tombe où repose BRAZZA, on peut lire, à peu près en ces termes :

« Presque seul et sans armes, il a conquis un empire immense à force de tranquille audace et de force invincible, par la patience et la bonté. ».

 

Page 186, 187 :

Que les indigènes, à qui le progrès a ouvert les yeux, refusent par orgueil, et par un désir naturel d’émancipation de reconnaître nos bienfaits – et non seulement nos erreurs et nos fautes – cela est concevable. Est moins concevable la trahison venant de nos propres frères qui ignorent souvent la situation.

 

L’ignorance est l’ennemie du bien. Elle est responsable de beaucoup d’égarements.

 

On traite de hors-la-loi des gens dont on reconnaît le gouvernement.

 

 

FIN