Ils croyaient en l'Algérie

Auteur : Etienne DOUSSAU

Roman années 1956 - 1962

Editeur l’HARMATTAN  Acheté le 14/2/2000  160 Frs   (FNAC)   

Acheté le 14/2/2000 160 Frs

 

 

Page 23 :  Emmanuel avait du mal à croire aux fatalités de la race et du sang. Une chose était certaine : La paix française avait régné ici pendant cent trente ans. Elle avait créé l’unité algérienne. Certes on avait pris ensuite du retard dans la modernisation du pays. Depuis la conquête, des coins reculés de montagne n’avaient guère connu que la présence du caïd pour répartir les impôts, du garde forestier pour délivrer les amendes…

 

Page 62 : Il avait atteint son objectif : Creuser un fossé infranchissable entre les deux communautés, le fossé de la haine et de la peur.

 

Page 66 : Il faut traiter avec tous les représentants du nationalisme algérien, y compris avec le FLN, et avant  qu’il n’ait éliminé tous ces rivaux, accorder l’indépendance dans le cadre d’une association, organiser des élections sous contrôle international afin d’élire une assemblée constituante au collège unique, garantir la place des pieds-noirs dans cette Algérie nouvelle.

 

Page 89, 90 :  Il se rendait compte que le légalisme en plein guerre subversive, était tout fait vain.

Comment, des affaires aussi éparpillées, combinant actions de guerre et terrorisme, comment oui, s’en remettre aux lenteurs et aux procédures d’une justice déconnectée du réel ? Comment admettre qu l’emploi de la force soit soumis à la présence d’un petit officier de police judiciaire chargé de constater crime et délits ?

Tout cela était parfaitement inadapté, tout le monde le savait mais personne, en apparence, n’y pouvait rien changer.

La république n’était pas capable de répondre au cas particulier de la situation  en Algérie.

 

Alors chacun dans son coin, s’inventait ses propres règles. Ici un chef se voulant légaliste dirigeait ses prisonniers sur le secteur et se lavait les mains de leur sort. Un autre, qui avait eu la mauvaise surprise de les retrouver quelques mois après en face de lui, les faisait abattre discrètement au fond d’un oued.

 

Page 126 :   Quant aux pieds-noirs, ils avaient été odieux avec de Gaulle en 43-44, alors hein, qu’ils ne viennent pas pleurer aujourd’hui !

 

Page 144, 145 :  Nous avons amené la population algérienne au milieu du gué et nous l’y avons laissé

 

2 000 milliards de Francs c’est à peu pré ce que coûte la guerre.

 

Page 147 :  Pendant l’occupation, neuf réseaux sur dix anéantis, au sein de la Résistance, l’ont été par trahison de l’intérieur.

 

Page168 :  Cessons de parler en termes qui opposèrent les Français et les Allemands pendant la guerre, en termes de résistance et d’occupation. La situation est différente ici. L’Armée veut faire en Algérie, une véritable révolution, balayer les système ancien, obliger les pieds-noirs à abandonner leurs privilèges en leur garantissant, grâce à notre présence, et en échange de l’égalité avec les musulmans, le droit de pouvoir continuer à vivre sur cette terre qu’ils aiment et qu’ils ont beaucoup contribuer à façonner.

Cette Armée française est la seule garante du salut de l’Algérie.

 

Page 175. : Il existait bien, avait-il pensé, deux armées lancées dans cette guerre, celle qui avait apporté sur la terre algérienne ses mœurs de garnison, désireuse de se couler au plus vite dans les habitudes du temps de paix et celle voulant faire éclater les moules hérités du passé pour mener sur le terrain une guerre révolutionnaire, acharné à en comprendre l’intelligence et à en inventer les modes d’action les plus adaptés. Bref, acharnée à ne pas tomber sous le reproche « d’être toujours en retard d’une guerre ».

 

Page 176 : Que de sarcasmes n’a-t-il pas suscités ce barrage ? La première qui vient à l’esprit est celle de la ligne Maginot, objet de tant de risées. Pourtant, dans le contexte d’une stratégie défensive voulue par le pays, elle a parfaitement joué son rôle en obligeant l’Allemand à la contourner. L’erreur a été de ne pas savoir le « cueillir » sur ses trajectoires. … Un barrage n’a de valeur que si, en arrière, il permet aux forces mobiles de courir, ainsi protégées, aux endroits menacés.

 

Page 178 : Dés les premiers mois de l’année 1958, le FLN prit soudain conscience avec stupeur de la menace redoutable que représentait le barrage.

 

Page 179 : Les commandants d’unités parachutistes disposant déjà d’hommes surentraînés où la valeur des appelés ne le cédait en rien à celle des engagés, maîtrisaient parfaitement la manœuvre héliportée …

 

Page 187 : L’affaire SI SALAH.

 

Page 217 : 4 novembre 1960. Allocution du chef de l’état. Le président de la République, en civil, commençait son allocution avec sa majesté coutumière.

« Ayant repris la tête de la France, j’ai décidé en son nom de suivre le chemin qui conduit non plus à l’Algérie gouvernée par la métropole française mais à l’Algérie algérienne… Cela veut dire une Algérie émancipée qui, si les Algériens le veulent, aura son gouvernement, ses institutions, ses lois… Quant aux dirigeants rebelles, ils se disent le gouvernement de la république algérienne. Mais celle-ci, qui existera un jour certes, n’a jusqu’ici jamais existé… » 

 

Page 222, 223 : Que s’est-il passé, au cours de cette entrevue du 10 juin, de SI SALAH avec le général de Gaulle ?

Ce ralliement à la Paix des Braves, d’une des wilayas parmi les plus écoutées de la rébellion, était porteur d’un vif espoir de voir la guerre se terminer, en maintenant des liens solides entre l’Algérie et la France.

Certains officiers de l’entourage de Challe, restent persuadés que de Gaulle a torpillé cette affaire.

 

Page 231 : A propos de la torture :    Il n’y a que quatre attitudes possibles :

 

  • D’abord celle de ceux qui vivent dans leur cocon et leur inaction, justifiant le dicton : « Ils veulent garder les mains propres sans même s’apercevoir qu’ils n’ont pas de main ».
  • Ensuite, celle de ceux qui acceptent à contrecoeur d’appliquer un certain degré de violence, disons de torture pour appeler les choses par leurs noms, en pensant qu’ils obéissent à la règle du moindre mal.
  • Et puis, il y a l’attitude des violents, qui estiment qu’à un certain degré de terreur il convient de répondre à un degré encore supérieur.
  • Enfin, il y a l’attitude de ceux qui entendent transporter le problème sur un autre plan, c’est-à-dire de lutter par les moyens subtils de l’infiltration, de l’intoxication de la longue et patiente traque policière… C’est le mode de lutte préférable ente tous mais il nécessite de disposer du temps. A Alger, il fallait des résultats et vite …

 

 Page 246 : A propos du PUTSCH : Pourquoi, devant la nécessité de faire basculer l’Armée, n’avait-on pas exécuté sommairement les quelques responsables, généraux et colonels, qui s’opposaient au pouvoir insurrectionnel d’Alger ? Pourquoi n’avait-on pas maté, en profitant de l’élan initial, les unités qui se dérobaient ?

Pouvait-on faire la révolution contre le pouvoir légal sans verser une goutte de sang ? Sans y associer le peuple, ici le petit peuple des pieds-noirs ?

Quant aux appelés, ayant reçu le message du général de Gaulle, et faisant de la résistance passive, la promesse de rembarquement vers la Métropole aurait du suffire !

 

Page 248 :Il suffisait  de repenser aux massacres d’El HALIA ou du douar MELOUSA, pour comprendre qu’abandonner l’Algérie aux mains du FLN, amènerait des bains de sang.

 

Page 250, 251 :…Ne suis-je pas une de ces représentantes d’une opinion servile en face d’un pouvoir « illégitime » ?

Il parle de l’affaire Si SALAH pour  donner un exemple de la fourberie du général de Gaulle …

… Les marques de mépris ordurier qui se déversaient sur le chef de l’état, baptisé « La grande ZHORA ».

 

Page 261 : Quant à cette idée de partition, lancée comme un ballon d’essai par PEYREFITTE, on sait aujourd’hui que ce n’était qu’un argument pour amener le GPRA à être plus conciliant. En réalité le général ne veut plus entendre parler du sort des pieds-noirs.

 

Page 270 : De Gaulle, lui, n’a pas d’états d’âme et suit sa route indifférent aux drames humains, les yeux fixés sur sa vision de l’Etat, la place de la France dans le monde, entre les deux Grands et son accès au club nucléaire.

 

Page 274 : Référendum du 2 juillet 1962 en Algérie pour demander à la population si elle voulait que son pays soit indépendant, dans le cadre des accords de coopération avec la France. : 6 millions de OUI pour seulement 16 mille NON.

 

Mon avis :

Ce référendum était lui-même une tromperie évidente. Les accords du 19 mars n’avaient jamais été respectés.