MA VERITE SUR LA GUERRE d'ALGERIE

Auteur : Roger SONCARRIEU 

Edition : Page après page

Acheté le  3/6/2005 à St Maximin

 
   

                                  Notes de lectures                                          

Page 22 :

Un drame qui débouchera sur les barricades d’Alger, en janvier 1960, un drame qui débouchera sur le putsch d’avril 1961 et la création du Front de l’Algérie française (FAF), puis de l’Organisation de l’armée secrète (OAS), conséquences logiques des reniements gaulliens.

Car c’est un conflit où il y eut le bon terrorisme – celui du FLN, voire celui du SAC – et le mauvais terrorisme – celui de l’OAS -, de bons attentats et de mauvais attentats, de bonnes tortures et de mauvaises tortures, de bonnes victimes et de mauvaises victimes.

C’est un conflit où il n’y eut que de mauvais révoltés, un mauvais Conseil national de la résistance – celui de Salan, Jouhaud, Bidault, Soustelle – alors que, vingt ans auparavant, le bon révolté s’appelait De Gaulle et le Conseil national de la résistance était un bon Conseil national de la résistance.

Georges Bidault et Jacques Soustelle furent, je crois, les deux seuls hommes politiques à préférer l’exil au reniement.

Ce fut donc une guerre pas comme les autres, avec une évolution difficile à suivre, gagnée sur le terrain mais perdue, politiquement, par la volonté d’un homme.

Page 30 :

« Du XIVè au XIXè siècle, l’Afrique du Nord a vécu un chaos politique, économique et social, auquel seule la présence française a mis fin. La France, en rompant l’immobilisme musulman, a ouvert l’Afrique du Nord à la civilisation technologique sans chercher à détruire l’humanisme musulman.

Lorsque la France s’installa en Algérie, le pays était habité par une population rurale, fort pauvre, et les villes de la côte ne vivaient guère que de la piraterie. Aujourd’hui, Alger est une grande ville française de cinq cent mille habitants. Un million deux cent mille Français sont installés en Algérie.

Loin d’avoir enlevé leurs terres aux Algériens, l’occupation française, en irriguant largement le pays, a énormément augmenté la surface des terres arables. Une industrie prospère s’est installée dans le pays, équipé comme un Etat moderne ; et l’université d’Alger compte parmi les plus importantes universités françaises.

Le départ de la France priverait l’Algérie de toute possibilité de faire face à ses besoins économiques car la population algérienne, essentiellement rurale, est loin de posséder une élite gouvernante capable de prendre la succession de la France. Elle ne pourrait que jeter le pays dans le chaos, la misère et la guerre civile. »

(Jacques Pirenne, Les grands courants de l’histoire universelle  (Editions de la Baconnière/Editions Albin Michel), tome VII, pages 687 et 688.                       

Page 31 :

Le PC du bataillon se trouve à Bled-es-Souani, soit à environ vingt-cinq kilomètres de Marnia.

Page 36 :

Bien sûr, tout n’était pas parfait et beaucoup restait à faire mais, rappelons-nous  aussi, le niveau de vie qui était celui de la France métropolitaine dans les années 1950-1960 ! Combien de foyers, même dans les villes, possédaient un réfrigérateur ou étaient équipés d’une salle de Bains ?

En Algérie, le jeune appelé découvre une population musulmane qui, dans sa grande majorité, reste française de cœur et, pour beaucoup, « de sang », le sang versé par les plus anciens lors des deux derniers conflits mondiaux, conflits où les tirailleurs algériens, comme les zouaves et de nombreuses autres unités, se sont, très souvent, illustrés par des faits de guerre dont ils sont fiers, à juste titre.

Ils arborent, ainsi, fièrement leurs décorations et parlent, avec beaucoup d’émotion, des lieux qu’ils ont traversés.

Mon pays… la France – titre du livre écrit par le Bachaga Boualam en septembre 1962 – oui, mon pays c’est la France, c’est bien ce que disent ces hommes qui ont valeureusement défendu la patrie, sous l’uniforme français, aux côtés de nos pères ou grands-pères.

Mais les musulmans sont aussi déchirés, tiraillés d’un côté, sollicités de l’autre. Car, si l’armée est présente le jour, la nuit la peur règne.

Les nuits deviennent, en effet abominables quand les hors-la-loi viennent cogner à la porte.

« Nous avons besoin de manger, donne-nous du lait, des œufs, donne-nous une poule ! »

Quand ce n’est pas pour emmener les hommes, couper les poteaux télégraphiques, ou creuser des tranchées sur la piste…

Comment ne pas obéir lorsque l’on a un couteau sur la gorge ? Et que répondre, le matin, aux militaires qui demandent : « Tu as vu les fellaghas ? »

Page 64 :

Le « chibani », c’est le vieux, l’ancien en arabe, mais c’est un terme à la fois respectueux et affectueux. Cet ancien combattant-là, français-musulman, replié en Métropole par la force des choses, vivant très modestement, avait conservé « son » drapeau français et il pavoisait lors de chaque commémoration officielle, tout comme il était particulièrement fier d’arborer ses nombreuses décorations.

Quel exemple !

Page 80 :

Le Bachaga Boualam, qui s’installera, avec une grande partie des siens, à Mas-Thibert, près d’Arles, termine son livre Les Harkis au service de la France par cette image terrible de Rivesaltes, dans les Pyrénées-Orientales : « Mille tentes de campagne où se retrouvaient à chaque crépuscule, serrées les unes contre les autres, pour se préserver du froid, les plus anonymes victimes d’une tragédie dont il ne faut plus parler, celle des Harkis et de leurs familles, ces orphelins d’Evian accrochés désespérément aux quelques officiers français qui poursuivent, sur cette terre d’exode, leur mission.

A Rivesaltes, deux mille cinq cents harkis, des maires, des notables, vivaient et dormaient sous des tentes, déchiquetées par le vent, avec ceux qu’ils ont pu sauver de leur famille, femmes vieillards, enfants, deux mille pauvres bougres entassés par dix, par douze, sous une tente, sans feu, sans lumière.

Cinq mille gosses jouant avec des cailloux qui, le long des tentes, écorchaient leurs petits pieds nus. Oui, ils étaient là grelottants, ne comprenant rien à ce qui leur arrivait, accrochés à leurs mères, en robe d’été, comme ils étaient vêtus quand l’armée française a pu les soustraire aux couteaux des justiciers vainqueurs. »

Page 84 :

J’étais invité à la remise des insignes de Chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur à Kamel Kabtane (que je connais, lui aussi, depuis une bonne trentaine d’années), président de la Grande mosquée de Lyon et du Conseil régional du culte musulman – un CRCM qu’il veut voir tourné uniquement vers la pratique de la religion, comme le sont les autres Conseils du culte.

C’est M. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales, qui lui a remis cette décoration.

J’ai cru défaillir en entendant notre ministre Sarkozy, s’adressant à tous les musulmans de France, leur dire qu’ils étaient des « Français à part entière » !

Dans l’assistance, il y avait, certes, quelques jeunes, mais aussi beaucoup de « plus anciens » et, notamment, des anciens harkis qui, en 1958, ont entendu très exactement ces mêmes mots de la bouche d’un certain général.

Quatre ans plus tard, en 1962, De Gaulle avait complètement oublié cette affirmation et les « Français à part entière » se sont retrouvés, à la fois avec la nationalité algérienne, et en terre étrangère !

Bachaga Boualam, Les Harkis au service de la France (Editions France-Empire), page 268.

Cf. documents en annexes : lettre et réponse du président de la République, p. 172-173.

Page 90 :

Sa vie, il l’a racontée au travers de plusieurs livres et, notamment, ses deux premiers ouvrages : Ma peau au bout de mes idées et La Bataille (Pierre Sergent).

Page 91 :

Il précisait, en outre, que « la violence, pour l’OAS, n’a jamais été qu’un dernier recours ; et que nous nous sommes trouvés aculés comme nous l’étions, dans un cas de légitime défense ».

« Ce dont nous sommes certains, ce que vingt ans après nous devons affirmer haut et clair, c’est que le 22 avril 1961, nous avons eu raison de nous dresser au nom de l’honneur. »

Page 94 :

Le crime de De Gaulle, c’est d’avoir fait sciemment, volontairement, de que d’autres avant lui laissaient faire par faiblesse. (…) C’est aussi d’avoir précipité la décadence morale de la Nation en gouvernant par le mensonge et par la ruse. »

Page 100 :

On disait souvent, en caricaturant, que, lors de leur service militaire, les appelés effectuaient, pendant une année, des corvées d’épluchage de pommes de terre ou de balayage (combien sur deux cent quatre-vingt mille ?). Est-il plus valorisant d’effectuer, maintenant, cinq années de tri sélectif d’ordures ménagères ?

Page 102 :

De façon générale, je vois dans ce « service au pays », un facteur d’adhésion, de cohésion nationale. Et j’y vois aussi un facteur d’assimilation véritable – car c’est bien d’assimilation dont nous devons parler, n’en déplaise à notre Haut conseil à l’intégration – pour un certain nombre de jeunes issus de l’immigration.

Page 104 :

Attention, cependant ! L’éducation des enfants de ces nombreux couples qui travaillent ne doit pas, toutefois, faire les frais de cette mode. Il ne faudrait pas, en effet, que ces enfants-là ne soient finalement élevés que par des personnes qui ne sont pas leurs parents. La mère, le père, et la famille en général, sont irremplaçables pour l’épanouissement de l’enfant, ne l’oublions pas.

Page 106 :

Michel Debré (mais il n’est pas le seul) est un bel exemple de girouette politique. Sénateur, il fut l’un des plus ardents défenseurs de l’Algérie française, n’hésitant pas à appeler à la révolte :

« Que les Algériens sachent que l’abandon de la souveraineté française en Algérie est un acte illégitime, c’est-à-dire qu’il met ceux qui le commettent, et qui s’en rendent complices, hors-la-loi et ceux, qui s’y opposent, quel que soit le moyen employé, en état de légitime défense. » (Courrier de la Colère du 22 décembre 1957).

Page 107 :

Quant à De Gaulle, il est tout simplement ahurissant de constater, après coup, combien il aura pu mentir aux Français. Avec le recul du temps, on se demande jusqu’où chercher le machiavélisme de De Gaulle car il a, finalement, toujours trompé et divisé les Français.

« De Gaulle, personnage quelque peu fabuleux », écrit-il en parlant de lui dans ses « Mémoires » et, de fait, ses entrées en scène ont toujours été bien préparées : retour au pouvoir en 1958, prises de positions et discours savamment dosés, évoluant au fil des mois, y compris à contre-courant des événements.

Un De Gaulle devenu maître dans l’art de la conférence de presse et qui a le don de toucher, d’émouvoir le bon peuple de France, avec des formules à l’emporte-pièce, aussi bien que des accents de désespoir : ses « hélas, hélas, hélas » sont restés tout aussi célèbres que ses « Français, aidez-moi » ou que l’ONU traité de « machin » !

Même pour Sirius et Le Monde (journal du 29 novembre 1967) :

« Ceux qui espéraient que le chef de l’Etat perdrait, avec l’âge, le goût de l’outrance, doivent admettre qu’il n’en est rien, bien au contraire. Pour tout le temps qu’il est, seul, le mandataire du peuple français tout entier, le général De Gaulle continuera d’interpréter, bien ou mal, mais trop souvent au gré de son machiavélique génie et de son insatiable volonté de puissance, l’intérêt supérieur, et permanent, de la nation. »

Page 108 :

Le 13 mai 1958, en Algérie, c’était pourtant tout un peuple qui s’était levé en même temps pour hurler sa volonté de rester français : européens, musulmans, hommes et femmes de tous horizons politiques, de tous horizons sociaux, de toutes confessions. C’est un million de personnes qui attendaient De Gaulle lorsqu’il est venu en Algérie.

« Il n’y a que des Français à part entière… je vous en donne ma parole. » (Mostaganem), « Venez à la France. Elle ne vous trahira jamais. » (Bône), « La France est ici pour toujours » ‘Oran), « …jamais le drapeau FLN ne flottera sur Alger » ajoutait encore le général De Gaulle en 1959, autorisant, par-là, les officiers de l’armée à engager leur parole d’honneur.

C’est le même De Gaulle qui écrira dans ses Mémoires d’espoir (1970) : « Ce n’est que progressivement, en utilisant chaque secousse comme l’occasion d’aller plus loin, que j’obtiendrais un courant de consentement assez fort pour emporter tout. Au contraire, si, de but en blanc, j’affichais mes intentions, nul doute que, sur l’océan des ignorances alarmées, des étonnements scandalisés, des malveillances coalisées, se fut levée, dans tous les milieux, une vague de stupeurs, et de fureurs, qui eut fait chavire le navire. ».

Pour Machiavel (Le Prince, 1513) : « Il est besoin de savoir bien colorer cette nature, bien feindre et déguiser ; et les hommes sont tant simples et obéissent tant aux nécessités présentes, que celui qui trompe trouvera toujours quelqu’un qui se laissera tromper. »

Comme on peut le constater, on pourrait facilement attribuer le discours de Machiavel à De Gaulle et celui de De Gaulle à Machiavel.

C’est, en revanche, seul Machiavel qui écrivait : « Combien de promesses ont été faites en vain et mises à néant par l’infidélité des princes… ». Oui, combien de promesses en vain, combien de promesses non tenues et combien de personnes trahies !

Page 109 :

Dans une interview à UPI, Jacques Soustelle déclarera le 3 novembre 1961 :

« Comme en 1940, j’ai dû m’expatrier pour demeurer libre de penser et de parler à ma guise.

Je suis dans l’opposition au régime parce que je suis, et demeure, un républicain, attaché aux libertés démocratiques et aussi à l’honnêteté politique. Le présent régime est fondé sur une immense duperie.

De Gaulle a systématiquement trompé ceux qui lui avaient fait confiance, trompé l’armée, trompé les Français, trompé les musulmans d’Algérie.

Ce qui est beaucoup plus grave, c’est que Michel Debré a commis une forfaiture.

En acceptant d’être premier ministre, il assumait le devoir d’appliquer la Constitution. Or, il l’a systématiquement violée, notamment en abandonnant, au chef de l’Etat, la conduite de la politique, dont le Premier ministre est constitutionnellement responsable. »

Pour Jean-Louis Tixier-Vignancour, avocat, défenseur des « soldats perdus » avant d’être candidat à la présidence de la République en 1965 : « Le gaullisme s’étant emparé de la force de l’Algérie française pour reprendre le pouvoir, détruisit en quatre ans l’Algérie, l’armée et l’unité française. Il était ainsi resté fidèle à son seul génie propre, celui de la destruction.

En 1962, le gaullisme a, de plus, entaché l’honneur français par le manquement, cruel et cynique, à la parole donnée.

Les condamnés pour crime de fidélité à la parole en laquelle ils avaient cru, sont demeurés, eux, honorables dans un monde de déshonneur. »

Page 110 :Pour le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc : « On peut beaucoup demander à un soldat. On ne peut lui demander de se dédire, de se contredire, de mentir, de tricher, de se parjurer. »

Resté dans la « légalité », le général de Pouilly témoignera avec honnêteté lors du procès du général Salan : « Choisissant la discipline, j’ai également choisi de partager, avec la nation française, la honte d’un abandon… et pour ceux qui, n’ayant pas pu supporter cette honte, se sont révoltés contre elle, l’Histoire dira, peut-être, que leur crime est moins grand que le nôtre. »

Page 112 :

Intégrer l’Algérie en la faisant entrer dans l’ensemble français par la réunion, en lui laissant ce même statut respectant sa personnalité au sein de la communauté française, c’est, j’en suis sûr, la solution la meilleure ; c’est celle qui… transformera notre « aimée et souffrante » Algérie en une Algérie nouvelle, riante et fraternelle. Voilà la vraie politique digne du peuple français. »

Page 113 :

Le livre de Mouloud Kaouane : Reconstruire l’Occident, esquisse d’une solution pour un espace européen publié en 1970 – avec une préface de Georges Bidault -, montre que ce pays avait en lui tous les atouts, aussi bien humains qu’économiques, pour être autre chose que ce qu’il est actuellement. « Son » Algérie, certes indépendante, était une Algérie de la réconciliation entre toutes les composantes de la nation, englobant, notamment, les Pieds-noirs (qu’il appelle Algéfrancs) et les Harkis.

Page 115 :

DE GAULLE, FORFAITURE, TRAHISONS, EXECUTIONS, VERS LA DISPARITION D’UN MYTHE.

Au tout début des Mémoires du général Raoul Salan, il est ainsi intéressant de lire le contenu d’une lettre que lui a adressé le général De Gaulle, le 24 octobre 1958, et, plus particulièrement, la phrase où il dit que « l’ensemble de la nation française fait maintenant bloc sur quelques idées simples : on ne doit pas lâcher l’Algérie. ».

L’Algérie doit rester française, c’est encore ce qu’indique Philippe De Gaulle dans le tome deux de ses mémoires, publié en octobre 2000. Il écrit à propos de son père, je cite :

« Ses opinions exprimées en famille peuvent se résumer ainsi : Les Européens m’ont crié :   « Algérie française » presque partout. Il fallait s’y attendre, étant donné ce qui s’est passé. Mais, à Mostaganem, c’est une foule musulmane, en presque totalité, qui a poussé cette clameur. J’avoue que j’ai été impressionné.

On lit encore dans ces mêmes mémoires de Philippe De Gaulle : « Certains ont excipé, devant les tribunaux, d’avoir été trompés par le général De Gaulle, qui leur aurait notamment assuré que, lui vivant, « jamais le drapeau du FLNA ne flotterait sur Alger » !

Mon père réagit rudement à ce propos ; Il faut bien qu’ils se défendent, mais me prennent-ils pour un imbécile ? C’est probablement Salan, ou ses complices, qui ont eux-mêmes affirmé cela ou interprété mes propos à leur manière. Suis-je le capitaine Bravache ? »

Page 116 :

Là, évidement, on ne peut être d’accord car la phrase a bien été prononcée et c’était lors de la « tournée des popotes » de fin 1959. Claude Paillat, notamment, rapporte cette phrase dans son Dossier secret de l’Algérie. Alors, imbécile non, mais menteur oui !

Il disait aussi : « Ce que Ferhat Abbas appelle l’indépendance, c’est la misère, la clochardisation, la catastrophe ; c’est une absurdité. Il faut que la France reste en Algérie. Elle y restera. »

Page 119 :

C’est en se parjurant, en suivant une politique qui n’était pas celle qu’il avait annoncée – et pour laquelle il était revenu au pouvoir – que De Gaulle, par réaction, a amené le putsch de 1961 et l’OAS.

Page 123 :

La seule partie des accords d’Evian respectée a sans doute été… la contribution française au développement social et économique de l’Algérie. Et pour cela, chacun conviendra qu’il n’était pas besoin d’accords : il suffit d’approvisionner régulièrement des comptes en banque !

Aujourd’hui, les questions sont simples.

Quand cessera-t-on de prendre De Gaulle pour le génial artisan de la paix en Algérie ? Quand la France reconnaîtra-t-elle la responsabilité du général-président dans les massacres qui ont suivi le cessez-le-feu du 19 mars 1962 et des accords d’Evian inappliqués et inapplicables ? Quand verrons-nous démasqués De Gaulle et tous les valets qui l’ont suivi aveuglément dans sa décision d’abandonner l’Algérie et de livrer une grande partie de sa population aux couteaux des égorgeurs du FLN ?

Plusieurs procédures dénonçant, notamment, l’abandon organisé des Harkis en 1962 ont été engagées : celle d’un collectif de Harkis assortie d’une plainte pour « crimes contre l’Humanité » et, plus récemment, celle d’AJIR (Association justice, information, réparation) pour les Harkis ainsi que celle de Veritas.

Page 126 :

Experts dans l’art d’intoxiquer les foules, les communistes exploitent le désir légitime de paix qui anime tous les Français pour essayer de dresser l’opinion publique contre les patriotes.

Page 133 :

La revue, Est et Ouest, précise que « de 1958 à 1966, la FNACA a été présidée par Jean-Jacques Servan-Schreiber ».

La FNACA est, désormais, la seule (ou presque) des associations d’anciens combattants – en tout cas la seule des associations d’anciens d’AFN – à vouloir commémorer le 19 mars, date officielle du cessez-le-feu en Algérie, cessez-le-feu qui n’en a pas été un, du moins pas pour le FLN.

Face aux militaires français, sommés de rester l’arme au pied, le FLN a, en effet, profité pour redoubler attentats, enlèvements et assassinats. Célébrer le 19 mars, c’est faire injure aux morts d’Algérie et, plus particulièrement, à tous ceux qui ont disparu après cette date.

Page 134 :

C’est, cependant, une date que tout ancien combattant, du « camp de la France » ne peut accepter quand on sait le nombre de tués par le FLN qu’il y a eu après cette date.

Page 135 :

Si l’on doit honorer un même jour les Morts pour la France de plusieurs conflits, alors faisons du 11 novembre une date unique, un « Memorial Day » à usage de tous.

Page 136 :

Même s’ils sont aujourd’hui nos amis, je n’ai jamais entendu dire que les Allemands commémoraient, chez eux, le 11 novembre 1918 ou le 8 mai 1945 ?

Alors non ! Plus de 19 mars. Et il faut aussi débaptiser les places et les rues du 19 mars existantes. Quel Gouvernement en aura-t-il le courage ?

Page 138 :

Quant à argumenter qu’un pays d’outre-mer représente une charge importante pour une Métropole, c’est oublier bien vite que la « décolonisation » (dont le terme est souvent impropre d’ailleurs) coûte encore plus cher, tant dans son processus que par l’aide apportée, ensuite, pour garder des semblants de lien avec le nouvel Etat.

Pour ce qui est du problème de l’Algérie, que j’estime bien connaître, il pouvait en tout cas se régler de toute autre façon que par la « décolonisation » : croyez-moi, les centaines de milliers de musulmans, qui criaient « Algérie française » en mai 1958, étaient sincères ! Quoi qu’il en soit, l’abandon de l’Algérie, bien que les mitraillettes russes, ou tchèques, du FLN n’aient pas réussi à imposer leur loi, aura été un nouveau recul du monde occidental.

« Le chemin de Paris passe par Pékin et Alger » écrivait Lénine en 1923, Eh bien, il va maintenant jusqu’aux portes de Marseille !

Page 139 :

En fait, on remplace généralement une soi-disant dictature par une autre dictature, on décolonise des pays colonisés pour les coloniser d’une autre façon à moins que cette opération ne débouche sur des guerres tribales autrement plus dévastatrices.

Page 140 :

Le lecteur trouvera, ci-après, le texte d’un article que j’avais écrit en 1964, publié dans C’est nous les Africains, publication mensuelle éditée par Liaison des Pieds-noirs, journal des Pieds-noirs repliés à Lyon et dans la région (numéro de mai 1964). Cet article s’intitulait « 13 mai et sens de l’Histoire ».

« L’Algérie a été notre raison d’espérer. Un certain 13 mai 1958, une révolution pacifique, dont il n’y a guère d’exemple dans l’histoire, a eu lieu.

Ce jour-là, le forum d’Alger vit se rassembler des milliers d’hommes et de femmes qui avaient en commun le désir de prouver leur attachement à la France. Et, pendant plusieurs jours, cent mille manifestants européens donnèrent la main à cent mille manifestants musulmans en scandant « Algérie française, Algérie française ».

Le 13 mai 1958 restera gravé dans l’histoire comme étant le jour de la fraternisation, le jour où la population algéroise voulut définir l’avenir du pays : volonté de défendre une certaine conception de l’homme, volonté de défendre les valeurs propres à notre civilisation.

Mais le « sens de Histoire » a voulu que l’Algérie soit retirée de la liste de nos départements.

Mais le sens de l’Histoire a voulu que, le 26 mars 1962, l’ordre soit donné, à des Français, de tirer sur des Français.

Mais le sens de l’Histoire veut que les libertés soient sans cesse bafouées : liberté physique, liberté morale, liberté de presse, liberté de pensée.

Et le sens de l’Histoire veut que, pour avoir préféré l’honneur au reniement, des Français croupissent encore en prison.

Et le sens de l’Histoire veut que les Pieds-noirs et les harkis, réfugiés sur l’hexagone, soient toujours considérés comme une catégorie de « sous-Français » ! »

Page 141 :

Pour eux aussi, je dirai qu’il faut continuer à se battre. Se battre pour que la vérité sur la guerre d’Algérie apparaisse enfin, pour que les manuels d’histoire, mis entre les mains des élèves, ne racontent pas n’importe quoi sur cette province française, mise en valeur, par la France, pendant plus d’un siècle.  

Page 142 :

Il faut que cessent les émissions de télévision, ou la retransmission de films, orientées toujours dans la même direction.

Curieusement, en effet, chaque fois que le sujet de la guerre d’Algérie est abordé, ce sont les gens du « parti d’en face » que l’on voit à l’écran.

Si l’on voit un appelé du contingent, c’est généralement un déserteur de l’armée française, impuni, qui se glorifie de son passage dans le camp ennemi.

Si l’on voit un militaire de carrière, c’est généralement un officier, devenu colonel ou général, pour avoir préféré l’obéissance à l’honneur.

Si l’on voit un homme politique, c’est généralement un gaulliste bon teint qui vient défendre la politique de « son » grand homme.

Si l’on voit un prêtre, c’est généralement un « porteur de valises » qui a caché hommes ou femmes (et valises) dans l’arrière-salle de sa cure, quand ce n’est pas à l’intérieur même de l’église.

Si l’on voit quelqu’un qui parle au nom des Harkis, ou des anciens des forces supplétives, c’est généralement quelqu’un qui vient expliquer le choix d’un père, ou d’un frère, plus ou moins enrôlé de force tandis que le reste de la famille était, cela est évident, du côté du FLN.

Si l’on voit un « intellectuel », c’est généralement un intellectuel de gauche et, si un intellectuel non progressiste a été invité à un débat quelconque, c’est plus pour se donner bonne conscience que pour lui donner la parole.

Si l’on voit un Pied-noir, c’est généralement un Pied-noir qui va trouver que le sort des « indigènes » était bien triste et que c’est pour cette raison qu’il militait au Parti communiste algérien.

Page 143 :

Si l’on voit un film, c’est Avoir vingt ans dans les Aurès, film gaucho-communiste qui n’est absolument pas la réalité de l’Algérie des années 1955-1960.

Quand verrons-nous des appelés du contingent rapporter ce que fut leur service militaire ? Par exemple, l’école faite chaque jour à quelques poignées de petits musulmans à qui ils ont appris à compter, à lire et à écrire quand ce n’est pas l’école, elle-même, qui a été construite par eux.

Quand verrons-nous un médecin militaire venir parler des longues journées passées dans le bled, à consulter et à soigner des malades ?

Quand verrons-nous des chanteurs venir interpréter leurs chansons qui racontent la douceur de vivre de l’Algérie française. Tel Jean-Paul Gavino, Mi-figue, mi-raisin, Pied-noir « mi-français, mi-algérien » mais aussi auteur d’un terrible réquisitoire France, levez-vous, répondez !

Tel encore Jean-Pax Méfret dont les textes, aux accents de vérité, sont de grande qualité.

Côté films, celui d’André Tesseire, ayant pour titre Les déracinés, est un bon film : le scénario est tiré du livre de Richard Marillier Les compagnons de Taberga. Il a du être à l’affiche une semaine, dans certains cinémas, et c’est tout.

Page 144 :

J’avais, en ce qui me concerne, sous le couvert de l’UNCAFN, et du Comité d’entente des combattants d’Afrique du Nord, organisé une « avant-première » de ce film, le 22 juin 1976, à Lyon. Ce film est un témoignage authentique, à la fois sincère et objectif, sur la guerre d’Algérie.

Tourné en 1972, cette réalisation a mis plusieurs années avant de sortir sur certains écrans dans deux villes de province, Lyon et Nancy – je ne suis même pas sûr qu’il ait été projeté à Paris. La raison à cela : trouver un circuit de distribution.

Mais il faut dire aussi que Richard Marillier, alors directeur du cyclisme national, était aussi commandant (capitaine en Algérie)… donc suspect !

Le film s’ouvre sur une dédicace : « A ceux qui ont eu le privilège de se partager le djebel, unis et entraînés par l’immense vague d’amour et de sérénité des baroudeurs, à ceux qui, le soir, dans leur lit, se retrouvent prisonniers d’une nostalgie qui leur colle à la peau, aux déracinés, vifs dans leur souffrance. » 

Bien sûr, ce n’est pas un film avec une grande distribution, ni tourné à grands renforts de moyens techniques mais on y retrouve, pour beaucoup, le quotidien d’une unité, sans fioritures et sans concessions : la vie d’un commando avec renseignements et interrogatoires de prisonniers, la fraternité des combats et des armes, les longues marches et la traque, aussi bien que la guerre, d’homme à homme.

Et, au bout du chemin, quelquefois aussi, la mort. Bref, tout ce qui est « le privilège de se partager le djebel « !

Et puis, on trouve également les problèmes posés à l’armée et à ses soldats par le putsch d’avril 1961, les réactions différentes des uns et des autres. Et la fin, triste, qui arrive comme un couperet :

« Après nous être battus pour l’Algérie française, bien que vainqueurs, nous abandonnions tout. Le drame commençait : celui des Harkis, celui des Pieds-noirs, celui de nos consciences aussi. »

Pourquoi n’ai-je jamais vu ce film sur nos écrans de télévision, plutôt que quelque « navet » insipide que l’on nous repasse pour la énième fois ?

De même, les « documentaires », ou films d’information intéressants, existent. Je connais, personnellement, plusieurs films, réalisés par l’Etablissement cinématographique des Armées, pour les avoir « passés » dans des séances organisées avec les anciens d’AFN et même, pour quelques-uns, dans des écoles.

Ainsi, ce film sur l’Algérie et, plus particulièrement, la SAS de Timgad dans les Aurès (1960), ainsi ce film sur Les Zibans, pays de palmes (1958), ainsi ce reportage sur la vallée de la   Soummam, ainsi celui sur le rôle des EMSI – équipe médico-sociale itinérante – sur le plan social et éducatif (1959), ainsi Au-delà des fusils, très bon film sur la vie d’un poste dans la région de Palestro (1961), ainsi encore celui sur les élections cantonales en Algérie, le commando Georges et l’auto-défense féminine à Catinat, ainsi encore tous les films nombreux réalisés sur le Sahara ou la mise en valeur de la campagne algérienne.

Pages 146-147 :

Les différences de niveau de vie, qui pouvaient exister entre la France métropolitaine et l’Algérie, comblées, un temps, par le formidable effort du plan de Constantine évoluent maintenant – on le constate tous les jours-, en sens totalement contraire.

Les pauvres sont véritablement très pauvres et, les riches, très riches. De loin, beaucoup plus riches que nos « pieds-noirs », jadis qualifiés de « colons exploiteurs ».

Page 153 :

Lors de la visite de Chirac en Algérie, en mars 2003, on a dit que des accords « historiques » avaient été signés.

En 1962, aussi, des accords historiques avaient été signés.

On a vu ce que sont devenus les accords d’Evian qui prévoyaient des garanties, notamment en matière de biens et de personnes : ils n’ont jamais été appliqués. La France a capitulé sans conditions ! Il y a eu des dizaines et des dizaines de milliers de morts après le cessez-le-feu du 19 mars et les prisonniers, ou disparus, n’ont jamais été rendus à leurs familles.

Jacques Chirac, qui avait participé à la rédaction de ces accords, pour ce qui est de la partie économique, devrait s’en souvenir.

La différence, cette fois-ci, réside sans doute dans le fait que ce sont surtout des accords à sens unique car c’est, en définitive, surtout la France qui s’est engagée : près de cent millions d’euro (d’après ce qu’ont rapporté les journaux) qui, théoriquement, doivent aider au développement du pays.

Dans leur relation de cette visite de Chirac, certains journaux ont même indiqué qu’aux « Vive la France » et aux « Vive l’Algérie »…, il y avait eu, aussi, des « Vive l’Algérie française ». Pour ma part, je trouve cela assez extraordinaire, tout en ne me surprenant pas outre mesure.

Toujours à propos de ce voyage, le dessin du jour de Jacques Faizant dans Le Figaro nous montre Marianne qui demande à Jacques Chirac : « Alors, ce voyage en Algérie s’est bien passé ? ». Et Chirac de répondre : « Au poil ! Apparemment, ils regrettent beaucoup de nous avoir chassés par inadvertance ».

En fait, les Algériens qui nous ont jeté hors du pays – certes avec la complicité de De Gaulle – voudraient maintenant nous y voir revenir. Tout simplement !

Page 154 :

Et puis, il faudrait cesser de parler de période coloniale (de parler ou d’écrire) lorsque l’on évoque l’Algérie d’avant 1962. Il y aurait l’Algérie de la période coloniale et l’Algérie indépendante : non ! Il y a l’Algérie de la période française, il y a les départements français d’Algérie et l’Algérie de l’indépendance.

Que je sache, l’Algérie n’a jamais été une colonie !

Les colonialistes, ce furent les Turcs, et pendant longtemps. Mais le pays n’existait pas en tant que tel. En 1830, la France mit fin à la domination turque sur ces terres d’Afrique du Nord, terres progressivement mises en valeur et où, déjà, l’armée construisait des routes, des ponts, des villages.

Elle lui donna le nom d’Algérie et la divisa en départements, en départements français. D’ailleurs – souvenons-nous – dans les années 1955-1957, à trois reprises, l’ONU a refusé d’intervenir dans les affaires algériennes parce que l’Algérie était constituée de départements français et qu’elle ne pouvait s’immiscer dans des problèmes franco-français.

Page 157 :

Mais l’Algérie me poursuit : elle m’aura poursuivi toute ma vie, et aujourd’hui encore, en écrivant ces lignes.

Comme elle poursuit beaucoup de ceux qui ont été embarqués à vingt ans – toute une jeunesse embarquée pour l’Algérie ! – et ayant, au contact des événements, au contact de la vérité des combats, au contact aussi de la cruauté des fellaghas, acquis rapidement une maturité intellectuelle que les jeunes de vingt ans, aujourd’hui, mettent beaucoup plus de temps à acquérir, maturité acquise, aussi, dans la fraternité des armes et dans la fraternité avec les gens du bled.

Une rébellion vaincue, des Français de souche européenne et des Français de souche nord-africaine vivant dans une Algérie française où ils avaient définitivement choisi de continuer à vivre ensemble, une Algérie prospère grâce à son pétrole, grâce à son agriculture, grâce à son industrie, une Algérie – et par la même occasion, une France métropolitaine – avec un taux de chômage réduit.

D’autan que, après leur passage en Algérie, ils étaient déjà des milliers d’appelés à dire que, si la paix revenait, ils retraverseraient volontiers la Méditerranée pour, à nouveau, bâtir, construire, soigner, enseigner, en fait tout simplement continuer à aimer l’Algérie.

Bref, une grande France de Dunkerque à Tamanrasset, forte, unie et reconnaissant tous ses enfants, issus des différentes communautés, avec une représentation dans les différentes assemblées du pays.

Et pourquoi pas, oui pourquoi pas, un bachaga Boualam – capitaine de l’armée française, Commandeur de la Légion d’honneur à titre militaire, ex-vice-président de l’Assemblée nationale – candidat à la présidence de la République ?

Voilà tout ce que nous disions. Nous rêvions, éveillés.

Merci, ami Jean, de m’avoir encore permis de rêver !

Page 162 :

Dans son livre Torture, vous avez dit torture, Alain Sanders établit un constat sans pitié. Que celles et ceux qui ont des « états d’âme », concernant la « torture » de l’armée française, lisent ce livre.

Page 164 :

Jeunes et moins jeunes découvrent que la solution De Gaulle fut, finalement, la pire des solutions, et pour l’Algérie, et pour la France.

Page 165 :

Parallèlement, je constate que, de plus en plus, des anciens d’Algérie, appelés comme moi pour effectuer leur service militaire de l’autre côté de la Méditerranée, se manifestent aujourd’hui. Et ceci explique peut-être cela d’ailleurs.

« Anesthésiés » par l’issue que l’on a proposée à « leur » guerre d’Algérie, anesthésiés par l’incompréhension des Français de Métropole, les appelés aujourd’hui, après quarante ans de silence, commencent à parler.

Peut-être aussi est-ce le fait que, depuis deux ou trois ans, les médias se sont emparés du sujet pour le déformer et faire, de chacun d’eux, un tortionnaire.

Ainsi donc, à l’heure de leur retraite, dégagés des contraintes de la vie professionnelle, les appelés repensent à cette période de leur jeunesse donnée à la France et à l’Algérie et, cela, sans avoir à en rougir.

Car l’armée, et les appelés, avaient, alors, non seulement remporté la victoire des armes, mais ils avaient, aussi, et surtout, remporté celle des cœurs. Sans rien demander en retour ! Simplement avec la satisfaction du devoir accompli.

A force de voir la vérité tronquée, ceux qui avaient vingt ans dans les années 1960 réagissent. Ils ont, maintenant, « digéré » leur guerre et ils réagissent.

Comme moi, ils réagissent. Ce livre en est la preuve. J’en ai eu assez d’entendre dire, et de lire, ici ou là que, en Algérie, l’armée française n’avait fait que torturer de pauvres bougres et que les appelés n’avaient fait qu’un « sale boulot ».

Et, curieusement, les appelés pensent ce que je pense, c’est-à-dire qu’ils ont été trahis, que leur guerre gagnée sur le terrain, et qui n’a pas été prise en compte, n’a servi à rien, et ils pensent que l’Algérie aurait pu, aurait dû rester française.

« Jamais autant que l’histoire de l’Algérie française, aucun événement historique n’a fait l’objet d’autant de contre-vérités. »

 Cette phrase, que j’ai lue récemment, est de Mme Jeannine Vergès-Leroux, directeur de recherche au CNRS. Je crois, effectivement, que cela résume bien tout ce qui a pu se dire, ou s’écrire, à propos de l’Algérie.

Je sais bien que l’histoire ne se refait pas, mais quelles belles pages aurions-nous pu écrire si la « gaullologie trompeuse » (du grec logos : discours) – à savoir, les discours trompeurs de De Gaulle, aussi bien que son orgueil démesuré – et la forfaiture érigée en système n’étaient pas passées par –là !

Page 179 :

Considérant qu’il résulte d’ouvrages historiques, ou à caractère historique, les plus divers et récents (voir, notamment, Alain Peyrefitte dans C’était De Gaulle (Editions Fayard), Georges-Marc Benamou dans Un mensonge français (Editions Robert Laffont), Guy Forzy dans Ca aussi, c’était De Gaulle (Editions Muller), Pierre Messmer dans Ma part de vérité (Editions Français-Xavier de Guibert) :

Que certains dirigeants, tels que MM. Messmer et Joxe, ministres en exercice au cours de cette période, ont, eux-mêmes, donné par écrit, le même jour, 16 mai 1962, des ordres criminels (voir Georges-Marc Benamou o.c. page 229) identiques par la nature, et longtemps restés secrets, d’abandonner les Harkis sur place en interdisant leur rapatriement ou de les refouler sur l’Algérie en cas d’arrivée en France.

Par ces motifs :

Recommandent l’élaboration et le dépôt d’un projet de loi tendant à frapper, éventuellement à titre posthume, d’indignité nationale, de privation des droits civils et civiques, de la confiscation de leur patrimoine, toutes personnes, physiques ou morales, ayant participé, en tant que dirigeants de l’Etat français, comme auteurs ou complices, à la commission des faits survenus pendant la période de l’Histoire de la France visée dans les motifs précités. »

Page 195 :

Et il ne vous est pas interdit, Mesdames, Messieurs, de méditer cet avertissement de M. Thiers :

«  La toute-puissance porte en soi la tentation de tout faire quand on peut tout faire, même le mal après le bien. Que les citoyens apprennent que, si grand, si sensé, si vaste que soit le génie d’un homme, il ne faut pas lui livrer complètement les destinées d’un pays ».